Decoration Awarding Ceremony of Baron Daniel Janssen
The decoration awarding ceremony was held on 20 June 2006 at the Ambassador's residence.
Discours du Baron Daniel Janssen
Cher Monsieur l’Ambassadeur, Chère Madame Naïto, Chers Collègues, Chers Amis
Avant tout, permettez-moi de remercier le Japon du très grand honneur qui m’est fait, en me remettant les insignes de Grand Cordon de l’Ordre du Soleil Levant. J’en suis très impressionné et profondément reconnaissant.
Permettez-moi d’évoquer quelques souvenirs de ma vie en relation avec le Japon, pour mieux faire comprendre mon admiration pour votre grand Pays.
1970 est le début de mon aventure japonaise. J’avais 34 ans, j’étais un cadre ingénieur et scientifique à UCB et j’étais jeune chargé de cours à l’ULB. Le Gouvernement belge m’avait offert de faire une conférence devant un large public scientifique japonais au Pavillon belge de l’Exposition Universelle d’Osaka sur le sujet qui me passionnait déjà : « L’innovation technologique en Belgique et en Europe ». A cette époque, on commençait à parler de recherches originales au Japon, alors que la réputation du Japon était surtout de prendre des licences américaines et européennes et de les développer commercialement et financièrement très habilement pour le marché japonais. L’intérêt pour la Science et l’Innovation technologique était donc devenu grand au Japon.
Mes deux semaines au Japon furent passionnantes et me permirent de commencer à comprendre votre grand Pays, sa culture, ses réalisations. J’étais déjà très impressionné par la capacité de travail minutieux, de créativité organisée et de croissance du Japon. J’ai commencé à apprendre les bases religieuses, philosophiques et morales du Japon, lisant beaucoup, questionnant, écoutant et visitant Kyoto, Myajima et Hiroshima. Je me replongeais dans les écrits du Budha auxquels m’avaient initié ma grand-mère et ma mère.
Je suis revenu du Japon convaincu, 25 ans après la guerre mondiale, que ce Pays, encore pauvre, allait compter dans le monde. Je ramenais aussi des petites boucles d’oreille en perles pour les donner à Thérèse que j’avais rencontrée à Pâques et que j’allais épouser en octobre. Vous voyez que 1970 est pour moi l’année des découvertes majeures !
Une seconde date importante est 1972. J’étais membre du Steering Committee des « Conférences de Bilderberg » et j’avais accepté d’organiser la réunion annuelle en Belgique, à Knokke, pour notre Président, le Prince Bernhard des Pays-Bas. A la fin de la réunion passionnante, le principal membre américain, Monsieur David Rockefeller avait proposé d’inclure le Japon dans le groupe de Bilderberg. Vu l’absence de majorité, M. Rockefeller proposa de garder les Conférences Bilderberg comme elles étaient entre les Etats-Unis et l’Europe, mais de créer une nouvelle institution : la Commission Trilatérale « à trois ». Ce fut fait avec un immense succès. Depuis lors, nous avons élargi le concept à trois entre l’Amérique, l’Europe et l’Asie entière avec un leadership japonais.
J’étais resté simultanément membre des Steering Committees de Bilderberg et de la Trilatérale, mais j’ai décidé, en 1984, de quitter Bilderberg parce que, entrant chez Solvay pour en devenir CEO, j’avais un intérêt encore plus grand pour le Japon et l’Asie où j’avais l’intention de développer Solvay. Très vite j’ai commencé avec mes collègues à créer des affaires nouvelles de Solvay d’abord au Japon puis en Corée du Sud, en Thaïlande, en Inde, en Chine et maintenant dans presque tous les pays d’Asie.
Une année que j’aimerais évoquer est 1982. J’étais Président de la FEB. J’avais remarqué que les employeurs belges connaissaient mal le Japon et son remarquable potentiel, non seulement pour des investissements belges au Japon mais aussi pour des investissements japonais en Belgique. Pour mieux m’informer, j’avais été rendre visite au Keidanren où j’avais rencontré le Président , le Directeur général et leurs principaux collègues. J’ai décidé de créer au sein de la FEB un Comité Japon-Belgique pour que les quelques entreprises belges qui connaissaient déjà le Japon fassent bénéficier les autres entreprises de leur expertise. J’ai demandé au Président de Bekaert, le Baron Jean-Charles Velge, qui avait une importante joint-venture au Japon, de présider ce Comité et j’assistais avec lui à toutes les séances avec un groupe de personnes qui étaient à la fois des dirigeants d’entreprise mais aussi des experts de la situation diplomatique et culturelle nippone et belgo-nippone. Ce Comité a très bien fonctionné, a incité beaucoup d’entreprises belges à s’implanter au Japon, mais également a incité des entreprises japonaises à s’implanter en Belgique en créant les conditions privées et publiques de logements, d’écoles, de golfs, etc pour l’arrivée des cadres japonais.
Les relations sont maintenant très intenses entre le Japon et la Belgique, et nous sommes de très nombreux Japonais et Belges à nous rendre à Tokyo et à Bruxelles fréquemment pour développer des activités entre nos deux Pays. Vous y contribuez remarquablement, cher Monsieur l’Ambassadeur.
En 2006, le monde a de plus en plus besoin d’un Japon puissant, ouvert et généreux. Face à la montée de la Chine et de l’Inde, en relation avec les Etats-Unis et l’Union Européenne, le rôle du Japon est important. En avril dernier, j’étais à Tokyo pour la réunion de la Trilatérale et votre grand Premier Ministre Kozumi nous a dit : « Japan is back ». Et c’est vrai. Après dix années difficiles, le Japon a repris sa place dans la croissance et dans le monde. La richesse par habitant est la même que celle de l’Union Européenne et de la Belgique.
Je suis fier d’être tellement honoré par vous et votre Pays. Cet honneur s’adresse beaucoup à Solvay et rejaillit sur mes collègues de Solvay, d’UCB, de la FEB et de l’Industrie belge. Je vous en remercie profondément.