Japan and Me

2013/7/1

Japan and Me

Jean-Pierre Vlasselaer
Renshi 6ème Dan Zen Nihon Kyudo Renmei

La page blanche met en évidence l'impossibilité de décrire la richesse des expériences vécues. Mon premier voyage au Japon a eu lieu lorsque j'étais 5ème Dan de kyudo, tir à l'arc traditionnel japonais.

Et là, j'ai découvert un monde particulier, où rien ne s'exclut, mais où tout se côtoie, s'agglutine, s'enrichit, s'ignore, se respecte. Jeune et âgés, débutants et sensei, tous ensemble dans une culture de vie dans laquelle la véritable autorité est celle de la compétence et non du paraître.

Le tireur quitte son kimono pour se retrouver directeur de société ou menuisier. La modernité ne peut trouver son équilibre que dans une assise solide, dans l'assurance de valeurs connues et vécues au-travers des siècles.

Au début gaijin, étranger que l'on montre, et avec le temps pratiquant au milieu d'autres pratiquants. Alors seulement on découvre la vraie pratique, considéré comme n'importe quel japonais, cela ouvre d'autres horizons, pour moi ce n'est qu'à partir de ce moment que l'on peut dire que l'on approfondit sensiblement l'étude et la connaissance. Le contact direct avec un maître m'avait été accordé et là tout a changé. A charge pour moi, responsable de la fédération belge, et luxembourgeoise de retransmettre l'enseignement.

Au début, gaijin intéressé, sensible à l'image et à l'imaginaire du Japon, aux clichés colportés, réducteurs et tellement éloignés de la réalité. Avec le temps qui passe je me retrouve au Japon comme chez moi, j'en apprécie l'air, l'espace et la vie quotidienne, quand le banal est apprécié c'est que l'on a quitté les habits de l'exotisme, que le « yofuku » est devenu « wafuku ».

J'ai coutume de dire à mes élèves lorsque je les emmène au Japon qu'ils ne reviendront pas comme ils sont partis et que leur retour au pays les rendra plus critiques, qu'il y a de nombreuses manières d'être et de penser qu'ils ne supporteront plus ; en un mot ils seront quelque peu devenus étranger à leur propre pays.

Comprendre le tir à l'arc, c'est s'y adonner par une pratique régulière, physique, qui, seule ouvrira des champs d'expérience et de compréhension mentale et spirituelle. La flèche qui quitte l'arc porte son destin, tout comme nos vies. Pratiquer simplement dans la recherche de la beauté de la sincérité et de la bonté.

Chaque fois que j'entre dans le dojo je suis pris par la sérénité, le calme du lieu et le bien être qui s'en dégage. Une atmosphère propice à la pratique comme un jardin au coeur de ma vie.